“La langue française va mal”, déplorent dans “Le Parisien” des artistes, enseignants et scientifiques.
Cent artistes, enseignants et autres scientifiques de 25 pays, dont le chanteur français Pierre Perret et le sociologue suisse Jean Ziegler, demandent au président Emmanuel Macron de “protéger la langue française du colonialisme anglo-américain”, dans un manifeste publié dimanche.
“La langue française va mal. Étouffée par l’anglo-américain, elle voit désormais son usage même évincé par cette dernière langue devenue si peu étrangère”, écrivent les signataires dans le quotidien français Le Parisien/Aujourd’hui.
Parmi eux, figurent l’écrivain français Didier Van Cauwelaert et le franco-marocain Tahar Ben Jelloun, ainsi que le chanteur acadien Zachary Richard (“Travailler c’est trop dur”).
Les signataires appellent Macron à renoncer à “l’utilisation de l’anglo-américain en France”
À l’occasion du 79ème anniversaire de l’appel du Général de Gaulle, le 18 juin 1940, ils demandent à la France, première contributrice financière de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de “suivre enfin la trace laissée par l’esprit de résistance” et de protéger “la langue française, et à travers elle les langues et les cultures du monde, du colonialisme anglo-américain”.
Les signataires appellent le président Macron à “montrer l’exemple, en renonçant à l’emploi de l’anglo-américain à l’étranger” et “en renonçant à l’utilisation peu digne de l’anglo-américain en France même”.
L’anglais : “langue d’usage” pour Emmanuel Macron
Les Cent “se sont particulièrement émus” de “l’adoubement” d’Emmanuel Macron, lors du dernier Sommet de la Francophonie en octobre 2018, “de l’anglo-américain comme ‘langue d’usage’ pour le monde”. Emmanuel avait déclaré à ce Sommet sa volonté de promouvoir le français comme étant “la langue de la création”, ce qui le différencie de l’anglais, “langue d’usage”, avait-il dit.
“À en juger par le dynamisme économique d’une majeure partie de l’Afrique francophone, comme par la vitalité économique du Canada francophone, terre de créativité et de haute technologie, leur +langue d’usage+ – le français – en vaudrait pourtant d’autres”, répondent les signataires.
“S’inspirer de la pugnacité du Québec”
Refusant “l’intronisation de la langue anglo-américaine comme seconde langue officielle de la nation”, ils demandent notamment de “mettre un terme au projet sacrilège prétendant dispenser dans les établissements scolaires des cours de matières générales en anglo-américain”. “Faute d’avoir su précéder le Québec comme référence mondiale pour la défense du français, du moins sachons nous inspirer de sa pugnacité et abandonner nos comportements serviles”, concluent les Cent.
Emmanuel Macron, élu en 2017, a fait un mantra de la “défense du français dans le cadre du plurilinguisme”, c’est-à-dire sans l’imposer contre les langues vernaculaires ni l’anglais, seul moyen selon lui de confirmer le boom actuel du nombre de francophones, qui doit passer de 274 millions aujourd’hui à 700 millions en 2050.